Yanicke Delbouille

Sa grand-mère a tenu une épicerie pendant quarante ans… Son père était facteur… Elle a été dans les mouvements de jeunesse… Remoucastrienne de 35 ans, Yanicke Delbouille a laissé de côté sa carrière dans les ressources humaines pour se consacrer au commerce local !

Yannick a ouvert en mars dernier « La Petite Gatte », une épicerie de quartier avec des produits locaux. Rencontre avec une indépendante consciencieuse et super active, avec des idées plein la tête !

Comment s’est opérée votre réorientation ?

Un jour, en passant devant l’ancienne épicerie de quartier de ma grand-mère (maintenant ce sont des appartements), dans la rue de la Reffe, j’avais dit comme ça à mon compagnon « Est-ce qu’un jour on n’ouvrirait pas une épicerie de quartier ? ». Quand mon patron m’a demandé de reprendre certaines tâches administratives en plus,  je ne sais pas pourquoi, mais j’ai repensé à cette idée !  J’en ai reparlé à mon compagnon qui m’a dit « Vas-y, lance-toi, je te soutiens ».

C’est vraiment super que votre compagnon vous soutienne…

Oui j’ai beaucoup de chance. J’en ai discuté autour de moi. J’ai eu beaucoup de retours positifs. Ma vétérinaire m’a dit qu’elle avait un local à louer dans la rue de la Reffe. C’était parfait, c’est dans cette rue-là que je cherchais. C’était la vitrine à côté de l’épicerie de ma grand-mère. Mais finalement cela ne s’est pas mis. Je suis repassée dans la rue, un peu plus tard, et là j’ai vu encore un local commercial à louer !

C’était un signe !?

Oui je pense ! Je me suis renseignée, mais le loyer était beaucoup trop élevé. Le lendemain, mon père repasse dans la rue et voit encore un autre panneau à louer ! Il connaissait le propriétaire, et moi aussi indirectement. Je lui ai expliqué mon projet d’épicerie de quartier et de produits locaux. Il était partant ! C’est à partir de là que j’ai vraiment pu envisager plus sérieusement mon projet !

Petite gatte, rue de la reffe

La Petite Gatte au 20A de la rue de la Reffe

Et vous êtes donc venue à l’UCM Liège ?

En fait, je suis à la CBC banque d’Ouffet et avant de me lancer, j’ai été voir le banquier pour lui parler de mon projet. Il m’a dit que CBC collaborait avec l’UCM et donc il m’a envoyé à l’UCM Liège. J’ai fait tous les étages. Je suis passée par la formation « Matin Malin » où j’ai rencontré la conseillère en création Vivian Janssens. On a discuté de mon projet, elle m’a aidée pour le plan de faisabilité. Il y a avait une certaine réalité dans les chiffres. J’ai suivi tout le parcours : guichet, assurances sociales. En fait, c’était vraiment efficace. On pose une question, on reçoit une réponse. On voit que les gens suivent le dossier. C’est une affaire qui roule ! Je me suis mise en complémentaire en octobre 2016. Et j’ai ouvert le magasin le 7 mars, le jour de mon anniversaire !

Produits locaux de la Petite Gatte

Vous proposez à la vente principalement des produits locaux. Quels producteurs avez-vous aujourd’hui ?

Pendant plus ou moins deux mois, j’ai rencontré des producteurs locaux. J’ai choisi des producteurs sur lesquels je pouvais compter. Bioferme, Jardin d’antan à Hody, la Chocolaterie Defroimont, la Ferme Houardà Bomal, la fromagerie Counasse à Stoumont, la fromagerie Bairsou. Pour le café, j’ai choisi le café équitable Chorti. J’ai choisi de proposer des produits pour différents budgets, avec des alternatives à des prix inférieurs. Cela me permet aussi d’avoir un plan de secours si un producteur me fait faux bon. J’ai des partenariats aussi avec les commerçants voisins. Mon logo m’a été offert par l’imprimerie ISE au-dessus de la rue. J’ai fait mes flyers, mes polards etc. chez eux. Le pain vient de la boulangerie La Verviétoise qui a créé un pain spécialement pour La Petite Gatte. C’est un échange de bons procédés. Ensemble, on a des projets pour redynamiser la rue.

Votre avantage, c’est de proposer des horaires assez étendus : de 10 à 13h et de 15 à 19h.

Tout à fait, on peut trouver des produits locaux  à des horaires pratiques pour tout le monde. Les gens sont quasi certains d’avoir leur produit. Evidemment, parfois cela arrive que je n’en ai pas. Je travaille avec des produits ultra frais. Les boulets que j’ai reçus ce matin, on me les a apportés encore chauds ! Et quand je n’ai plus de boulet, ben il n’y en a plus tout simplement_! (rires) C’est un compromis, si on veut un produit frais et de qualité, il faut savoir que peut-être le vendredi je n’en ai plus ! C’est la difficulté, mais les clients comprennent et s’adaptent relativement bien.

Des produits locaux, mais aussi de « dépannage »

Il y a un supermarché pas très loin de votre épicerie…

Oui c’était la grande inconnue. En fait, les habitués passent d’abord chez moi acheter du frais, se font plaisir avec un petit chocolat et puis terminent leurs courses au supermarché On trouve un bon compromis. Parfois, j’arrive à avoir des prix plus intéressants qu’au supermarché. La seule difficulté c’est que la marge n’est pas très élevée (1.30, 1.50 maximum) et donc il faut faire du volume. Depuis que je me suis installée il y a deux mois, mon chiffre d’affaires semble stable. C’est par vague en fait. Parfois il n’y a personne l’après-midi et puis tout le monde arrive à 18h. Il faut débrancher cette partie du cerveau qui dit « attention mon chiffre », et se dire « advienne que pourra » ! Quand on est starter, l’aspect financier est assez stressant, on ne sait pas si ce sera rentable, si on peut faire des investissements ou pas. En juin, je ferai un inventaire et là  j’en saurai déjà un peu plus. Mais mon comptable est assez rassurant, mon chiffre d’affaires est constant.

Dernière question, pourquoi « La Petite Gatte » !?

Parce qu’on m’a toujours appelée « la petite ».  Et une gatte en wallon, c’est une chèvre ! C’est l’emblème de la ville de Remouchamps. La chèvre figure aussi sur mon logo !

Yanicke Delbouille

La Petite Gatte

Rue de la Reffe, 20A
4920 Remouchamps
https://lapetitegatte.be/
https://www.facebook.com/lapetitegatte